Mort d'un légionnaire
Une sale histoire :
Un lieutenant du 2° REP a été mis en examen pour “actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et incarcéré à la prison de la santé . En mai
dernier, un des légionnaires de sa section a trouvé la mort au cours d'une marche à Djibouti. Pour Dominique Merchet, le pacha du blog secret-défense, les faits sont accablants ( violences
et privation d'eau) . Voir l'article de VA qui semble plus mesuré.
En réalité, qu'en est-il exactement ?
1/ Quelle est la cause du dècès ? Il apparait trés nettement que celui-ci n'est pas la conséquence des coups reçus ni celles d'une déshydratation mais bien du à un coup de
chaleur d'exercice appelé aussi hyperthermie d'effort. Cette maladie souvent mortelle est imprévisible, peut survenir à tout âge même chez des gens entrainés physiquement et dans des conditions climatiques tempérées. Les
signes sont souvent trompeurs surtout au début et peuvent se résumer uniquement à une agressivité.
2/ Quel responsable sous-officier ou officier n'a -t-il jamais botté les fesses d'un légionnaire à la traîne au cours d'une marche commando ? On sait bien que les efforts
physiques et la "castagne" sont "culturels" dans ce corps d'élite où le mot d'ordre pourrait se résumer à l'idiome "entrainement difficile = guerre facile".
Ainsi, dans la revue de la Légion, le képi blanc, on peut lire particulièrement ceci : "le retour à la rusticité prévaut, tant dans la préparation
physique, la capacité d'encaisse individuelle ou la stabilité émotionnelle. Le combattant, plus que jamais, doit être solide physiquement, car le degré d'investissement personnel est élevé dans
l'action".
Les vierges effarouchées.
Ce qui est désespérant dans cette histoire , c'est de voir le choeur des vierges effarouchées constitué des medias habituels mais également des généraux faux-culs se mettre à se lamenter et
à déplorer cet "acte de barbarie".
Bien sûr, on pourra toujours dire que ce lieutenant de 26 ans a manqué de jugement et qu'un autre à sa place aurait agi différemment... c'est possible mais ce n'est pas certain.
Ce n' est qu' un accident, un malheureux accident du travail comme il en existe des dizaines chaque année dans l'armée.
Alors, disons " chiche" ! Quand un légionnaire jugera qu'il est fatigué au point de s'arrêter il faudra respecter son choix. Il pourra dire " pouce , on ne joue plus".
Qu'on se le dise et que l'on cesse de faire porter le chapeau aux gradés subalternes ! De plus, il faut former les chefs d'unité au dépistage précoce des pathologies potentiellement
mortelles, en particulier au diagnostic de coup de chaleur. Est- ce le cas actuellement ? Sinon, la responsabilité cet accident incombe à la hiérarchie.
Alors, résultat des courses : pas de vague et pas de bol pour ce malheureux légionnaire, pas de bol pour les caporaux qui sont éjectés de l'armée comme des malpropres, pas de bol pour le
lieutenant.
Un lynchage médiatique pour raisons politiques
Je reprend totalement à mon compte cette analyse d'un certain Tanis dans le forum de secret
défense, tant elle me parait frappée au coin du bon sens.
En ces temps de « réformes »
profondes de la société et des institutions il devient aisément compréhensible, sauf pour ceux bien évidemment qui ne veulent surtout pas s’en rendre compte et qui vivent dans le déni de réalité
permanent, que tout événement pouvant servir d’ « exemple » est amplement utilisé et grossi médiatiquement à des fins qui dépassent les simples citoyens que nous sommes, tant les enjeux sont
importants.
A la lecture de bons nombres de « commentaires » qui me paraissent plus être rédigés par des professionnels de l’intox via internet et procéder à la même campagne de désinformation, le message
est bien rodé.
Tout est fait pour faire réagir les lecteurs non sur les faits ayant pu se dérouler mais sur un pseudo-moralisme condamnant d’avance un lieutenant, seul officier « responsable » de la mort
malheureuse d’un engagé volontaire. L’armée et la justice a déjà eu à traiter d’autres cas similaires mais qui n’ont jamais déclenchés un tel tollé médiatique, surtout 7 mois après les faits…
Comme si cette période avait surtout permis de constituer un dossier uniquement à charge et surtout de planifier une campagne de dénigrement et de déstabilisation. Au moment ou l’armée subit une
énième crise face à un avenir plus qu’incertain (baisse drastique des budgets et effectifs, réintégration dans un OTAN plus américanisé que jamais, redéfinition des menaces potentielles et
surtout réelles, …), le moindre incident ou accident sert de prétexte à dessouder du militaire, permettant aux politiques et carriéristes-atlantistes de réduire l’influence des hommes de
traditions de l’armée républicaine française.
L’idéal républicain est de plus en plus fragilisé, sapé chez ceux qui en sont en principe les plus ardents défenseurs. Les tenants des réformes ont régulièrement invoqué les idéaux de « moral »
ou « modernisme » pour légitimer toutes leurs initiatives, mais aussi pour réduire ou fragiliser les autres institutions : tout événement entraîne une réflexion non sur la politique à suivre mais
sur les mesures institutionnelles à prendre pour mettre hors circuit une fraction de celles-ci. Exemple : les sociétés privées de surveillance devraient jouer un plus grand rôle dans la sécurité
des Français. C’est ce que souhaite Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur. Dans un livre blanc sur «la participation de la sécurité privée à la sécurité générale en Europe», la
participation de ces sociétés au maintien de l’ordre y est présentée comme inéluctable. Elle l’est d’autant plus que les effectifs de police et de gendarmerie seront à la baisse dans les années
futures. Dans ce domaine comme dans tant d’autres, l’Etat abandonne une partie de ses devoirs et de ses prérogatives à des intérêts privés. L’avenir dira qui en sera réellement les
bénéficiaires