Grippe A: l'heure des comptes
Les Drs Pelloux et Bapt interrogés par France-Soir dénoncent la gabegie
faite dans la gestion de la grippe A. Ce n'est que le début d'une série de révélations sur un scandale sans précédent caractérisé par les mensonges, les
dissimulations et les incohérences.
Dr Pelloux
Que pensez-vous de l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur la campagne
de vaccination ?
Je suis 100 % pour. Non pas pour pointer du
doigt des coupables mais pour comprendre pourquoi nous sommes incapables de gérer une telle crise. C’est embêtant car cela donne l’impression qu’un certain nombre de professeurs qui ont écrit des
ouvrages annonçant la fin du monde à cause de cette grippe ont fait peur au gouvernement, et que celui-ci fait dans la surenchère. Mais, je ne me fais pas d’illusions, je sais que cette
commission ne donnera aucun résultat.
Les dépenses entraînées par la
campagne de vaccination sont-elles justifiées ?
L’argent du contribuable est dépensé n’importe comment. D’un côté, on nous dit qu’il n’y a pas d’argent, de l’autre on fait des
dépenses injustifiées. C’est scandaleux car le ministère poursuit la privatisation des hôpitaux et va licencier 3.000 agents des hôpitaux de Paris d’ici deux ans. Alors que, en parallèle, rien
que pour l’achat de masques et de vaccins, le gouvernement a investi le déficit de l’hôpital public. L’autre erreur stratégique majeure, c’est l’ouverture des centres de vaccination, qui ont
coûté très cher pour pas grand-chose. Au final, il faudra savoir combien cette mascarade a coûté aux contribuables.
Gérard Bapt, rapporteur du budget de la santé,
Les médecins généralistes pourront
vacciner à partir de demain. Pourquoi pas avant selon vous ?
Cela fait un certain temps que j'insistais auprès des autorités pour que les médecins généralistes soient associés à cette
campagne. L'un des arguments pour s'y opposer était le conditionnement des vaccins, composés de dix doses : il m'avait été expliqué que si le médecin n'avait pas dix personnes à vacciner
lorsqu'il utilisait un pack, des doses seraient gâchées. Or, jeudi dernier, quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai découvert lors d'une visite à l'Établissement de préparation et de réponse
aux urgences sanitaires (Eprus) qu'il y avait 800.000 doses en seringue unitaire Novartis, stockées depuis le début du mois de décembre ! Ces doses, semblables à celle de la grippe saisonnière,
auraient très bien pu servir à certains généralistes pour vacciner plus tôt les personnes isolées qui ne pouvaient pas se déplacer. Alors que l'on prétendait que c'était impossible, on aurait pu
commencer à protéger une partie de la population. Lorsque j'ai demandé pourquoi ces stocks n'avaient pas été utilisés, on m'a répondu qu'ils ne voulaient pas « surcharger les médecins
généralistes ». Il y a eu de la dissimulation et de l'incohérence.
France soir