Judéomanie
Article de Jean Bricmont, trouvé sur le site Le Grand Soir
http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6941
“…que penser du fait qu’un simple journaliste, Claude Askolovitch, en lançant une accusation radiophonique d’antisémitisme, peut ainsi faire virer un des plus grand caricaturistes de France ? Si l’on voulait faire croire à la population qu’il existe un « pouvoir juif » tout-puissant, il n’est pas évident qu’on s’y prendrait autrement. C’est le larbinisme de Val et de ses collègues qui suggèrent qu’être juif aide à réussir, pas les écrits de Siné (d’aucuns suggèrent que Val a simplement profité de l’occasion pour se débarrasser d’un collaborateur qu’il détestait ; mais quoi qu’il en soit, le fait est que l’accusation d’antisémitisme permet de « casser » n’importe qui, sans possibilité de défense, sans débat contradictoire, sans procès équitable ; c’est l’analogue moderne des lettres de cachet).
Cette affaire, vue dans le contexte des attaques répétées de Charlie contre les musulmans, amène la liberté d’expression en France à une croisée des chemins : soit on déclare une fois pour toutes que les musulmans et les catholiques sont des cibles légitimes qui doivent subir en silence toutes les insultes et toutes les caricatures, mais que tout propos désobligeant contenant le mot « juif » ou « sioniste » est tabou, ou bien cette affaire permettra de faire sauter ce verrou. Dans le premier cas, il ne faut se faire aucune illusion : un tel traitement différentiel suscitera (et suscite sans doute déjà) un antisémitisme massif, bien que silencieux et ignoré des élites médiatiques.
Sur le fond, cette sinistre affaire, qui fait suite à celles impliquant Dieudonné, Mermet, Boniface, Ménargues, Morin et bien d’autres [Cf. Le Fanatisme juif, ndle] aurait une issue heureuse si elle permettait de clarifier une fois pour toutes les limites de la liberté d’expression…
… À la « psychose du juif persécuté », pour reprendre l’expression de Gisèle Halimi dans sa lettre à Philippe Val, répond le fantasme de la « seule démocratie au Moyen-Orient » menacée par ses voisins. En France, les juifs ne sont pas persécutés, ce sont les « antisémites », réels ou supposés, qui le sont. Israël n’est pas menacé, mais menaçant. La lutte pour la liberté d’expression n’est pas seulement la défense d’une conquête ancienne, mais aussi une lutte pour faire sortir la pensée du carcan où l’ont enfermée des décennies de propagande pro-israélienne.
Il est urgent, dans l’intérêt de la paix, de libérer les esprits de la peur de l’accusation d’antisémitisme, de
dé-sioniser la vision que nous avons du Moyen-Orient et d’oublier Charlie Hebdo.”