Déballage de printemps
Dénoncer les faits et non pas l' homme; voila le challenge auquel est confronté Luc Ferry.
Bien que républicain, l'ancien ministre me parait sympathique; peut être en raison d'e la naiveté qu'on ressentait chez lui du temps où il faisait partie du gouvernement Raffarin. Un brin passionné, intelligent, et épris du bien commun, il pensait sincèrement à l'époque pouvoir secouer le mammouth. Il a donné depuis l'impression d'avoir été mal à l'aise dans ce panier de crabes et d'avoir pris de la distance vis à vis du monde politicien.
Aujourd'hui, accusé de faire un grand déballage, il se retrouve dans la peau du vilain délateur. Le désigner comme tel, c'est faire fi d'un minimum de psychologie; je pense que Ferry se retrouve plutôt en prise directe avec sa conscience. Tout se passe, en fait, comme s'il ne pouvait se contenter d'être le témoin silencieux d'une histoire qui le dépassait.
Cela me rappelle une anecdocte personnelle; il y a bien longtemps, j'avais été admis dans une école post-bac qui avait abrité dans ses murs au cours des siècles quelques gloires nationales. La devise de la boîte était "Sciences, Patrie, Humanité " ou quelque chose comme cela. Bref, une boîte bien comme il faut, dans laquelle un jeune homme plein d'entousiasthme devait pouvoir trouver le moyen de s'épanouir. Comme souvent, un bizuthage en règle était la tradition essentielle de la dite école et pendant deux mois les anciens avaient le droit d'humilier conscienceusement leurs petits camarades et même de se livrer à des sévices d'ordre sexuel. L'administration (je me souviens encore des noms des responsables, mais-je-ne-dirai-rien-même-sous-la -torture) était étrangement absente pendant ces exactions. Chose étonnante, la loi du silence perdure encore aujourd'hui dans le milieu professionnel. *
A l'époque, j'avais trouvé cela écoeurant mais, pas une seconde, il ne m'était venu à l'esprit de lancer un pavé dans la mare car dans ce genre d'affaire, le courage ne suffit pas; il faut aussi de la lucidité , de la détermination et une force de caractère souvent exceptionnelle.
Si l'on fait souffrir l'un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur. Mais si c'est comme chrétien, qu'il n'ait pas de honte, et qu'il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien.
* De grâce, ne cherchez pas le nom de cette école ! Elle n'existe plus.. A t'elle seulement existé ?
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