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Eclairage

Pour le droit au blasphème

28 Avril 2008, 18:47pm

Publié par Simon Duplessis

Soral_Le_PenEgalité et Réconciliation

Article de Alain Soral publié le 26 avril 2008

Monsieur Le Pen a tort, la chambre à Gaz n'est pas un détail.


Monsieur Le Pen a profondément tort, la chambre à gaz est tout sauf un point de détail, c'est même aujourd'hui, plus qu'hier encore, la religion, le dogme autour duquel tourne toute l'époque contemporaine. Dans l'ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la croix du christ.

Pourtant, ou justement pour ça, au nom du droit à la libre pensée face à ceux qui croient et veulent nous obliger à croire, je réclame le droit, pour Jean-Marie Le Pen, de considérer la chambre à gaz comme « un point de détail de la seconde guerre mondiale », comme tant d'autres se donnent le droit de chier sur la croix.

Que ce soit celle d'hier ou d'aujourd'hui, le citoyen libre se doit de luter contre toutes les inquisitions et leurs cortèges sanglants de bûchers et d'abjurations. Nous, européens, n'avons pas mis trois siècles à nous émanciper du pouvoir temporel du Pape pour en arriver là !

Aujourd'hui, dans ce climat de judéomanie délirante - une judéomanie délirante et suspecte qui tient plus de l'esprit de la Collaboration que du combat pour le bien et l'amour des hommes - plus les souffrances de la guerre s'éloignent, plus c'est la seconde guerre mondiale toute entière qui devient un détail de la chambre à gaz !

50 millions de morts, russes, communistes, polonais, anglais, américains, civils, résistants, japonais et mêmes allemands et, parmi eux, 500 mille morts Français, ce n'est presque plus rien face à la chambre à gaz, ou aux 28 mille enfants juifs que certains voudraient faire assumer pour l'éternité aux écoliers de France innocents.

Dans ma famille de Résistants savoyards où la guerre nous a coûté six morts et la ruine - comme elle coûta son père au petit Jean-Marie -, nous avons nous aussi sauvé des vies ; seulement c'était des Espagnols. Il faut dire qu'en ce temps là si on sauvait des juifs, on ne le faisait pas pour sauver le peuple élu mais pour sauver des êtres humains tout court, menacés par la méchanceté et la violence des hommes. À l'époque, on ignorait que 60 ans plus tard ne seraient plus comptabilisés que les sauvés marqués d'une étoile, et que sur le marché des Justes, ça ne vaudrait plus rien les Espagnols !

De vous à moi, combien cette relecture de la seconde guerre mondiale, cette réécriture théo-différentialiste, à la limite de l'inégalité raciale, va-t-elle encore durer ? Combien de temps encore la Mémoire va-t-elle empêcher l'Histoire ? Au moment du Darfour, de la Palestine, de l'Irak, du Tibet... n'y a-t-il pas d'autres combats à mener pour le salut des hommes ? De massacres, de génocides, d'ethnocides à condamner, à empêcher ? Au moment où la montée en puissance de l'Inde et de la Chine est sur le point de remettre en cause le leadership de notre confortable et dominateur monde post-méditerranéen, les querelles intra-monothéistes sont-elle vraiment notre priorité ?

Qui aura le courage de dire, dans cet inquiétant climat de lynchage pour une petite phrase réitérée dans un obscur follicule breton, que le problème ce n'est pas le détail de Jean-Marie Le Pen. Une petite phrase plus taquine que méchante qui lui a déjà coûté 120 briques (et à ce prix là, on peut comprendre que le peu dispendieux Le Pen ait envie de l'utiliser deux fois). Une petite phrase inattaquable - dois-je le rappeler ? - aux Etats unis d'Amérique, qui ne sont pourtant pas le pays de l'antisémitisme, parce que là-bas le 1er amendement garantit à tous, et pas seulement à Finkielkraut et ses sorties sur les « antillais qui filent un mauvais coton » ou « l'équipe de France black-black-black qui serait la risée de l'Europe », la liberté de pensée et d'opinion.

Qui aura le courage, à l'heure où même ses supposés proches : identitaires jaloux et autres apparatchiks en embuscade se désolidarisent du vieux chef comme on se détourne d'un pestiféré, que le problème ce n'est pas le « détail » mais la loi Gayssot ?

Cette loi d'exception contraire à tous les principes démocratiques et républicains, de l'aveu même de tous les politiques et historiens qui comptent, de Simone Weil à feux Vidal-Naquet. Une loi d'exception qui, en instituant par le délit l'Histoire officielle, interdit toute recherche historique et l'Histoire. Dubito ergo sum res cogitans. Nous savons pourtant bien, dans ce pays qui vit naître Descartes, qu'en interdisant le doute, c'est la pensée qu'on interdit. Loi inique, de surcroît fratricide, puisqu'en inaugurant la concurrence des mémoires - et par la jurisprudence dont se réclament déjà les arméniens, les africains, les maghrébins, en attendant les vendéens et les gays, elle incite au communautarise victimaire généralisé, tuant la fraternité française et son universalisme républicain.

Trois siècles de haute philosophie, deux siècles de sécularisation du religieux et un siècle de séparation des Eglises et de l'Etat pour en arriver là ? À ce retour en douce d¹une Inquisition qui ne dit pas son nom ?

Qui criminalise la dissidence, l'insoumission, le relativisme, le décalage, l'ironie obligeant le rebelle à l'abjuration sous peine de ruine et de prison ?

Devant l'ignoble lynchage des bien pensants et les discrets lâchages, moi le libre penseur, pour rester du côté des opprimés et des faibles dont le sort change avec l'Histoire, j'affirme mon soutien à Le Pen le relaps ; relaps comme Jeanne d'Arc et Giordano Bruno. Par principe, au nom du droit à la liberté jusqu'à la mal-pensance, au nom du petit doigt d'honneur levé devant les puissants botteurs de dèrches et ses cohortes de lèches culs, de faux culs, j'affirme mon soutien à l'insoumis.

Car ma peur, ma vraie peur, ce ne sont pas les provocations ou les lubies d'un vieil homme, mais la peur bien plus grande de voir ce pays sombrer chaque jour plus bas dans l'obscurantisme totalitaire.

Un pays de soi-disant culture et de liberté où la horde des veules, faux courageux, vrais tartuffes et autres pétaino-gaullistes éternellement dans le sens du vent se réjouissent déjà, à l'unisson, au nom bien sur de la démocratie du bon et du bien, que le pays de Voltaire se promette de jeter demain en prison un vieux monsieur de 80 ans parce qu'il refuse de se dédire, parce que têtu jusqu'à la déraison, il refuse de baisser la tête et de faire comme un chien, à coups de pieds au cul comme eux tous, là où on lui dit de faire.

En tant qu'intellectuel français dissident, moi, Alain Soral, qui ne bénéficie même pas des soutiens d'un Soljenitsyne du temps de sa splendeur dans le Vermont (va savoir pourquoi ça s'est gâté depuis), par ce simple texte, je réclame haut et fort, face aux désapprobations tonitruantes et aux silences gênés, le droit au blasphème pour tous, pas seulement pour Houellebecq ou Philippe Val de Charlie Hebdo.

Et, au nom de ce droit sacré en terre laïque, malgré tout ce qui nous sépare : âge, parcours, origine politique, je veux rendre hommage à un grand résistant. Pas un rentier de la Résistance à francisque. Un résistant à cette démocratie totalitaire qui tue la liberté, l'esprit d'indépendance, le sens de l'honneur et de la fidélité. Un résistant à cette République qui, à coup de devoir de mémoire forcé, de repentance obligatoire et autres criminalisations des automobilistes et des fumeurs, transforme peu à peu l'esprit français en catéchisme et le peuple français en bétail.

C'est, en somme, parce que je sais que l'affaire du détail est tout sauf un détail, que je réclame, pour Jean-Marie Le Pen, le droit de se tromper et le droit au détail !

Vive la France libre !

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N
Trés fort .. ce Jacques . Quelle analyse pertinente ! et tous ces niais qui font le jeu de ce Le Pen, fouteur de merde . Vive Gayssot ! Vive Rocard !
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J
Hé hé, je rigole de cette discussion!Il vous a bien eus : c'était le but.Mais enfin, vous n'avez pas encore compris le petit jeu?JMLP dit quelque chose : vrai ou faux, ça fait mal  à ceux qui l'entendent. (comme si un curé disait en chaire que tous les présents sont cocus). Donc hurlements prévisisibles, et débats sans fin pour savoir si c'est vrai ou faux, loi Gayssot pour finir, etcDe nouveau, débats sur la loi Gayssot inique! Il a le droit de penser ce qu'il veut etc. Les rabatteurs à la Soral en rajoute. Le merdier atteint son comble : l'objectif de JMLP est atteint.En fait ce que la loi Gayssot punit, ce n'est pas tant l'affirmation de ceci ou cela, que la provocation. C'est vrai que la plus petite allusion à l'Holocauste met certains Juifs dans des états incroyables, et que certains cultivent même ce qu'on peut appeler une névrose. Je peux les comprendre, ou au moins admettre que, n'ayant heureusement pas vécu ce drame dans ma famille, ils sur-réagissent à ce type de propos.Au lieu de soigner cette névrose, JMLP la rappelle de temps en temps, histoire de l'entretenir, de faire mal, de diviser la communauté française. Le tout avec un certain talent. Il est donc normal qu'il paie. Il a le droit de penser ce qu'il veut, il n'a pas le droit moral de faire mal à certains de ses concitoyens. Et personnellement, je trouve que ce n'est pas la peine de rentrer dans son jeu.
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A
Simon a une vision sélective de l'actualité, Comme  la mémoire du passé forme le présent, nous pourrions avec ce raisonnement  indéfiniment ruminer sur le péché originel,à l'image de  Simon sur 39/40!et JMLP.La liste de mon précédent message vous terrifie, le titre de "droit au blasphème" me fait vomir. 
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S
j'ai dénoncé ici et là l' eugénisme institutionnalisé et l'assassinat des 200 000 petits français par an  au cours de ce que l'on nomme pudiquement IVG. Effectivement comme dit Marie C. j'essaie de coller à l'actualité; d'où mes reflexions sur le point de détail de le Pen. Je vois que visiblement , cela agace un peu et pourtant il est le seul homme politique avec Ph de V. à dénoncer ces horreurs. Cela n'empêche pas les bien-pensants de tout poil d'avoir voté comme un seul homme pour le successeur du duo Giscard-Veil. Personnellement, j'estime que l'histoire des chambres à gaz n'est pas un détail mais qu'en même temps la loi Gayssot est inique. Je suis également contre tout blmasphème à l'encontre de toutes les religions mais il faut bien reconnaitre que la shoah n'est pas de l'ordre du divin.Ce n'est pas dans mon habitude de jouer à "plus catho que moi, tu meurs", mais je pense comme vous certainement que ce monde et en particulier notre pays est touché de plein fouet par les forces du malin et que notre salut est dans une France qui retrouve la foi. Si la prière est la  force indispensable pour retrouver le chemin de la paix universelle; il n'en demeure pas moins que nous devons rester lucide face au relativisme du bien et au dogmatisme du mal que l'on nous inculque continuellement.http://eclairage.over-blog.net/article-16195242.html
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M
le passé forment notre présent et notre présent prépare notre futur Anonyme, tout est lié et on ne peut avoir la mémoire sélective c'est faire injure à ceux qui ont souffert. bien sûr que vous avez raison et votre énumération est plus que terrifiante  ajoutez-y la montée de la consommation de drogue, les "bitures-du-week-end" qui sont parait-il du dernier cri et d'autres choses encore et vous avez mille raison de nous conseiller de regarder autour de nous plutot que de ressasser le passé mais un blog est une reflexion sur l'humeur du jour et c'est l'actualité qui fait réagir Simon !
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