Jean Bastien -Thiry
A l'aube du 11 mars 1963, Jean Bastien-Thiry est passé par les armes au fort d'Ivry. Cette exécution politique est la dernière qu'ait connue la France à ce jour.
La victime est un polytechnicien de 35 ans originaire de Lunéville, marié et
père de trois fillettes. Scientifique brillant et de stature internationale, il oeuvre à la Cité de l'Air, à Paris, avec le grade de lieutenant-colonel, quand sa conscience est bouleversée par le
drame algérien.
Malgré des déclarations trompeuses et mensongères, De Gaulle largue l'Algérie au FLN , abandonnant les harkis et les pieds-noirs à leur sort.
Le 8 janvier 1961, jour du référendum d’approbation de la politique gaulliste en Algérie, commence vraiment pour Jean Bastien-Thiry le chemin qui le conduira un an
et demi plus tard sur la route du Petit-Clamart.
Après la signature des accords d'Évian, les Pieds-noirs refluèrent en désordre vers la métropole et les vainqueurs du FLN assassinèrent dans des tortures affreuses plusieurs dizaines de milliers
de harkis et autres musulmans francophiles.Herodote. Algerie-francaise.org
http://www.bastien-thiry.com/declaration.htm
Bastien-Thiry prend place dans un fourgon
cellulaire. Pendant le trajet, il prie. Le convoi parvient au Fort d'Ivry. Le condamné marche vers le poteau en tenant toujours son chapelet entre ses doigts. On l'attache, on veut lui bander les
yeux. il refuse, comme l'avaient fait avant lui Piges. Dovecar, Degueldre. A 6 h 46, la salve retentit, puis le coup qu'on appelle "de grâce ", Le lieutenant colonel Bastien-Thiry est mort. On
emporte son corps à Thiais. On l'enfouit dans le carré des suppliciés, à la sauvette, comme ces voleurs pendus jadis à Montfaucon que l'on entassait dans les fosses communes. Autour de cette
tombe sans croix, quelques gendarmes, garde dérisoire.
" Nous ne souffrons pas en vain. Nous souffrons pour tous les lâches qui ne risquent rien. Que Dieu ait pitié de nous " Bernanos a écrit ces mots admirables. A qui pourraient ils mieux
s'appliquer qu'à celui qui dort désormais, en paix avec lui-même, sous les broussailles de Thiais ?
" je suis persuadé que notre mort, si elle avait lieu, secouerait la
torpeur du peuple français ", s'était écrié Alain de la Tocnaye devant ses juges. Il était bon prophète : la stupeur, l'indignation accueillent la mort de Bastien-Thiry, chez ceux-là mêmes qui
s'opposaient farouchement à ses thèses politiques. De Gaulle, une fois de plus, confirmait qu'il n'avait de l'homme que l'apparence, et qu'en fait tout ce qui était humain lui était
indifférent.
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